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Le Pere Gregoire
La disparition de Mgr Grégoire Haddad nous donne l’occasion de nous souvenir d’un homme à la tête blanche qui s’éloigne sans bruit. Ses pas sont assourdis et bientôt le brouillard de la nuit et le voile de l’oubli couvriront celui qui fut radieux pour une génération : la nôtre.

Le personnage fut célèbre, la personne était réelle, le personnage était prestigieux ou décrié, la personne fut simple et aimée.

Le personnage était un homme du verbe, la personne un homme d’action hors pair.

Le personnage était un évêque, la personne fut un défenseur ardent de l’enseignement de Paul, et surtout de son plus bel épître : le premier aux Corinthiens, l’hymne à la charité.

Le personnage était sobre, homme d’église, solitaire, la personne ne perdait jamais son humour, son accueil de l’autre, le renégat, l’incompris, le démuni.

Le personnage était de ces prêtres qui avaient fait vœu de pauvreté sans faillir, la personne portait ses nombreuses vertus le cœur léger, sans vanité.

Il était celui qu’on appelait affectueusement le Père Grégoire. D’autres l’appelaient al Moutran sans ajouter de nom, car reconnaissable entre tous.

Et bien oui, cette fois-ci il a décidé de s’en aller pour de bon, laissant derrière lui ce pays qu’il a tant aimé, les gens qu’il appelait chacun par son prénom, sensible à tous, concerné par les plus pauvres, d’un zèle inlassable pour construire l’espoir.

Avant l’heure, à l’horizon de 1960, il avait fait sienne la belle devise du Père Lebret : « Construire une civilisation de l’être dans une juste répartition de l’avoir ».

Pour cela il fonda le Mouvement Social : avec 6 personnes de 6 communautés religieuses différentes, 3 hommes et 3 femmes.

Et déjà il avait saisi que les bonnes œuvres n’étaient pas suffisantes pour construire une société plus juste et plus humaine, il fallait du développement socio-économique pour que la justice passe par la dignité et s’inscrive dans les lois.

Déjà il avait compris que les femmes étaient de la société et qu’il fallait faire avec.

Déjà il avait pressenti que faire travailler ensemble pour une société meilleure les Libanaises et les Libanais de toutes les communautés ferait converger les cœurs et les esprits pour faire rempart contre les divisions qui travaillent le Liban.

Le Mouvement Social ne fut pas son seul horizon, il refusait de se laisser enfermer dans une structure, de s’arrêter en chemin.

Parallèlement, sur les pas de l’abbé Pierre, il avait fondé l’Oasis de l’Espérance, le lieu où les rejetés de la société récupéraient ses déchets pour en faire des projets sociaux.

Puis la guerre arriva,

Il s’attela à travers les barricades, à construire des ponts entre toutes les personnes qui travaillaient pout l’être humain.

Pour lui c’était toujours la parole de Vatican II, travailler pour tout homme et tout l’homme. Il fonda et anima contre vents et marées et d’abord contre les sceptiques, les coordinations inter-associatives, lieu d’éducation à la tolérance et au respect des différences, mais aussi lieu de convergence des actions humanitaires.

Faut-il rappeler ici qu’il a aidé à fonder des dizaines d’associations : IRAP, AFEL, AEP, l’Artisan du Liban avec comme leitmotiv travailler pour tous, sans distinction de religion, travailler pour les plus démunis d’abord, travailler efficacement, être au service des autres non au service de soi…

C’est pour cela qu’il n’a jamais accepté aucun titre, aucune fonction honorifique, aucune compensation matérielle : juste le service des autres, pour vivre pleinement l’absolu de l’Evangile : «C’est quand vous aurez tout fait, dites nous sommes des serviteurs inutiles ».

Père Grégoire, votre héritage est immense, à la mesure de votre démesure. Vous étiez le témoin vivant de ces valeurs humaines, nous espérons que nous, au Mouvement Social, arriverons ensemble à les porter pour continuer ce que vous avez semé, et pour que le grain ne meurt.

A l’heure de la séparation, cette fidélité est notre dernier mot d’amour.



Le Mouvement Social